Union du peuple de France
mars 2006
mardi 30 juillet 2019, par Claude Beaulieu
Au moment où ces lignes furent écrites, (mars 2006) la France était confrontée à une exarcerbation de la crise sociale majeure qui ronge le système capitaliste, avec l’immense et légitime mouvement de la jeunesse et de l’ensemble des travailleurs contre le CPE.
Sans que cela soit précisé clairement, notamment par les partis de gouvernement qui se réclament de la gauche, la mobilisation contre le CPE, la précarisation et la destruction méthodique du Code du Travail était menée en réalité, contre des conséquences directes de la fuite en avant dans la voie du fédéralisme européen intrinsèquement néolibéral.
Voir en ligne : Construire un front de libération nationale - Appel du Comité Valmy
Cette « construction européenne » intégration supranationale, destinée à construire contre les peuples et les Etats-nations, un super Etat fédéral et régionaliste, a été décidée et orchestrée, dès la fin de la deuxième guerre mondiale, en même temps que le Pacte Atlantique, par l’impérialisme américain. Ces deux démarches stratégiques ont toujours été liées et le sont encore aujourd’hui.
Ainsi, il n’est pas inutile de rappeler que la création, le 4 avril 1949, de l’Alliance atlantique, coïncide chronologiquement avec la création du Conseil de l’Europe, le 5 mai 1949. En avril 1948 la création de l’OECE (Organisation européenne de coopération économique), qui avait pour but de répartir les fonds du Plan Marshall, fut historiquement un véritable cheval de Troie du renforcement économique, politique, culturel et idéologique de l’hégémonie US sur notre continent ainsi que de la promotion de l’ « american way of life ».
Dès l’origine les dirigeants américains exigent une Europe fédérale.
Une déclaration de James Paul Warburg, président de la Chase Manhattan Bank, devant le Sénat américain le 17 février 1953 :
"De gré ou de force, nous aurons un gouvernement mondial. Sera-ce par la conquête ou par consentement ? La supranationalité d’une élite intellectuelle et des banquiers internationaux est certainement préférable aux décisions nationales qui se pratiquent depuis un siècle".
En juin 1991, David Rockefeller reprenait à son compte cette affirmation qu’il complétait en affirmant :
"Le monde est préparé à marcher vers un gouvernement mondial".
Dans toutes ses étapes, la marche forcée vers l’Europe supranationale et fédérale s’inscrit dans cette volonté de l’impérialisme américain d’enraciner et de renforcer sa domination économique, politique, culturelle, idéologique et militaire sur le monde.
Dès le traité de Rome, qui crée la Communauté économique européenne, l’objectif fondamental des fédéralistes, avoués ou non, est un processus de création d’un grand marché unique où la concurrence sera libre et non faussée. Plus d’un demi-siècle après, l’économie de marché est passé du libéralisme à un capitalisme éliminant par étapes toute régulation, et de plus en plus barbare, qui caractérise cette mondialisation néo-libérale conduite par l’impérialisme des Etats-Unis. Soumise à la volonté et aux impératifs des grandes entreprises transnationales, à la Finance mondialisée, aux dictats de l’OMC, du FMI, de la Banque mondiale, cette « construction européenne », véritable contre-révolution supranationale, n’a en effet, jamais cessé d’être un outil de la mondialisation américaine.
Le traité de Maastricht de Mitterrand, dès février 1992, prétend rendre cette situation irréversible et condamner à perpétuité le peuple de France à un capitalisme de plus en plus sordide. C’est cela que prétendait institutionnaliser la « Constitution » européenne de Giscard, Jospin, Sarkozy, Ségolène Royal, Bayrou et de leurs supplétifs, heureusement rejetée par notre peuple. Celui-ci poursuit sa prise de conscience, dans le combat actuel contre le CPE, la précarisation généralisée, les délocalisations à répétition et tout l’engrenage de l’euro- régression sociale permanente.
Le clivage gauche-droite n’a évidemment pas disparu, pas plus que la lutte des classes. Celle-ci a pris une fois encore et comme pendant la Résistance patriotique et anti-nazie, un caractère national. Dans notre société, il y a toujours des conservateurs et des progressistes, des réactionnaires, des réformistes, des révolutionnaires même. Mais il y a surtout deux camps qui s’affrontent, de plus en plus durement :
- Le camp des fédéralistes maastrichtiens d’une part.
Ceux-ci, offiellement de droite ou se revendiquant de la « gauche », estiment que la Nation est dépassée. Pour construire l’Europe fédérale des régions qu’ils entendent imposer de manière dogmatique, ils mettent en cause maintenant non seulement l’existence de la Nation, mais aussi celle de la République, de son unité et de ses principes. (Ils s’attaquent en particulier, à travers une démarche plus ou moins masquée selon les circonstances, à la laïcité ; ils favorisent le communautarisme et l’ethnicisme). C’est le camp des collaborateurs du système supranational dominé par l’hégémonie germano américaine.
D’un point de vue de classe, leur politique, intrinsèquement néo-libérale et antisociale, est subordonnée à la mondialisation capitaliste et à l’atlantisme. Celui-ci, conduit inévitablement l’Union Européenne à soutenir la politique permanente d’agression et de guerres « préventives » ou non, des dirigeants états-uniens et à s’insérer insidieusement dans leur vision géopolitique, laquelle conduit au « choc des civilisations ».
- Celui des républicains progressistes, des patriotes, qui sont aussi des anti-impérialistes conséquents et les véritables internationalistes, d’autre part. C’est le camp du peuple laborieux et de la Nation, celui également, du rétablissement de la démocratie, il combat le pouvoir de l’oligarchie financière qui a vassilisé la France.
Ces nouveaux résistants, comme leurs prédécesseurs de la seconde guerre mondiale, se recrutent d’abord et essentiellement dans les sensibilités diverses de l’arc républicain. Ils considèrent au contraire que, pour longtemps encore, non seulement l’Etat-Nation n’est pas historiquement dépassé, mais qu’il constitue le seul cadre réel permettant de pérenniser la forme républicaine de l’Etat, l’expression de la citoyenneté, la démocratie et le progrès social. Dans les circonstances politiques actuelles, la France républicaine seule peut reconquérir et exprimer la souveraineté populaire.
Rejetant le carcan néo-libéral, atlantiste, totalitaire et impérialiste de cette Europe fédérale, ils restent seuls libres d’élaborer une politique démocratique altenative, de progrès et de paix, conforme à l’intérêt national de la France et, en même temps à celui des autres peuples du monde. Avec les peuples en Europe et au au delà, notre pays libéré, pourra construire de multiples coopérations mutuellement avantageuses , rejetant toute hégémonie. Ils considèrent de plus, que face à la menace d’agressions et de guerres des dirigeants états-uniens et de l’Otan, l’Etat- nation républicain, est un rempart puissant pour le peuple.
Que faire après le succès populaire du 29 mai 2005 ? Promouvoir au nom d’un rassemblement à « gauche » et du mirage d’une Europe sociale mythique, l’union populaire autour des dirigeants qui se réclament du "non de gauche" mais qui affirment en même temps, comme Fabius, Mélanchon ou Emmanuelli, qu’ils restent obstinément ancrés dans le carcan de leur postulat fédéraliste et antinational ?
Ce dogme supranational a déjà coûté extrêmement cher au peuple de France comme aux autres peuples européens. Il nous a mené au chaos actuel. Une fois revenue au pouvoir, cette pseudo gauche apatride, serait conduite à continuer inévitablement l’application du programme commun anti-social et atlantiste, qu’ils ont avec la droite : le traité de Maastricht et sa suite.
Les dirigeants du oui social démocrate, préconisent de leur côté le rassemblement des partisans du oui et du non de gauche, également dans la perspective du mirage hypnotique d’une Europe fédérale et, néanmoins sociale, porteuse de lendemains qui chantent.
Une telle persévérance dans l’erreur, la manipulation et le mensonge conscients accroît encore la responsabilité historique, déjà considérable, essentielle, que la plupart des dirigeants socialistes portent sur la genèse de la situation actuelle, depuis la fin de la deuxième guerre mondiale. Selon nous, il n’y a rien à attendre de la social démocratie. européiste et atlantiste, elle est de plus en plus discréditée aux yeux du peuple.
Il serait également illusoire, incongru, absurde et dévastateur de vouloir construire un avenir démocratique et social autour de la mouvance gauchiste souvent anticommuniste, dite altermondialiste.
Dans cette nébuleuse rivalisent dans la surenchère nihiliste des antirépublicains, des communautaristes, des anarcho-syndicalistes hostiles à toute intervention de l’Etat, des apprentis talibans trotskystes du refus national, qui ne peuvent même pas imaginer que la lutte des classes puisse, selon les circonstances historiques ou géopolitiques, prendre un caractère national ni même s’apercevoir, qu’aujourd’hui en France, la nation que le capitalisme financier veut détruire, se confond avec le peuple laborieux.
De plus en plus nombreuses, des forces de gauche , républicaines et progressistes ont pris conscience qu’il est mortifère de laisser se perpétuer cette alternance au pouvoir de la droite et de la prétendue gauche, solidairement fédéralistes, pour y mettre en pratique la même feuille de route néo-libérale, de régression sociale, européiste et atlantiste.
Afin de créer une alternative crédible et réaliste, permettant de sortir du chaos que génère le capitalisme financier en faillite qui, tel un cancer, ronge notre pays et le monde entier, le Comité Valmy estime nécessaire de constituer en France, un front républicain, patriotique et de progrès social.
Ce rassemblement populaire, l’Union du Peuple de France, que nous souhaitons, pour la reconquête de l’indépendance nationale, de la souveraineté populaire et pour la refondation de la République, s’inscrira naturellement dans une démarche de solidarite internationale en gestation, de front uni anti-impérialiste, anti-mondialisation, pour la paix et la liberté des peuples du monde. Pour nous, patriotisme et internationalisme sont les deux élèments d’une même démarche.
Cette question de la nécessité primordiale d’unir le peuple de France autour de la survie de la Nation, du rétablissement de la souveraineté populaire et de la réaffirmation de la République Une et indivisible, laïque et sociale, est devenue centrale.
De la capacité de notre peuple à s’emparer de cet objectif dépend l’indispensable reprise en main de son droit inaliénable à disposer de lui-même et à maîtriser son destin. En même temps, le rétablissement de la souveraineté populaire, de l’indépendance nationale et de la démocratie est pour la France laborieuse, la condition incontournable qui lui permettra de reconquérir la possibilité de bâtir un avenir de progrès social.
La démarche du Comité Valmy s’inspire de l’union et de l’esprit de la Résistance patriotique, républicaine, antifasciste et anti-impérialiste de la seconde guerre mondiale et de l’exemple du programme progressiste du CNR. Entrer en résistance est à l’ordre du jour.
Claude Beaulieu.
Mars 2006.
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